cendrillon ne perdra pas sa pantoufle de verre

C'est l'été et son lot de tenues découvertes, de regards malicieux, de désirs de liberté et de frivolités...
Les regards se font plus présents, les sourires aussi...
J'ai rencontré un jeune homme dans une soirée, nous nous sommes revus, et puis voilà, rien.
le videur de mon supermarché m'a suivi et n'a voulu me laisser tranquille que lorsque j'ai accepté son numéro. Un homme dans la rue m'a proposé de me faire un enfant (si, si...), etc.
Bref beaucoup d'hormones mais peu de coeur...

Ce midi, j'avais un rendez-vous, un rencard comme on dit...

Primo : ce gars, je le croise depuis un certain temps. Certains me disaient qu'il était homo. J'avais pas l'impression...

Deuxio : puis, j'ai appris qu'il avait un enfant (en fait, il en a 4). Ce à quoi je me suis dit "il a au moins une fois été hétéro, enfin a priori" (je sais, il y avait une chance qu'il ait un enfant sans avoir fait l'amour à une femme...)

Tercio : après m'avoir demandé mon numéro, m'avoir appelé, etc. RDV aujourd'hui pour déjeuner.
Et là... C'est le drame...

Je lui plais donc comme je l'avais soupçonné,

Mais... (et le mais est de taille)
Il n'a pas vraiment la même conception de la relation de séduction/amoureuse que moi. La polygamie? C'est merveilleux... On ne peut pas arrêter d'aimer quelqu'un si on l'aime vraiment et on va pas se priver d'en aimer d'autres!

Mais...
Il sait bien qu'il dégage quelque chose d'exceptionnel.

Bon, ce qui est vrai, c'est que ma grande spécialité d'attirer les échangistes, libertins et divers énergumènes de ce genre... Pourquoi?...
Moi, j'aimerais simplement une histoire à deux : classique, un peu vieux jeu peut-être. Enfin, un truc où il n'y ait pas que la fidélité spirituelle, si vous voyez ce que je veux dire.

Cendrillon ne perdra décidemment pas sa pantoufle de verre...

Hier soir, petite soirée entre amis, comme on dit. C'était bien, on a fait un barbecue, on a parlé, on a ri...
Mais, je ne sais pas si ça vous arrive, mais il y a eu ce moment, un peu curieux.

Ce moment, dans une soirée, où on a l'impression d'être là sans y être. Vous regardez les gens qui s'amusent et ça ne vous touche pas, ce n'est pas contagieux. Comme si vous n'étiez pas à votre place.
Certains dansaient et chantaient sur une musique que je n'apprécie pas plus que ça.
Certains parlaient entre eux de choses auxquelles je ne pouvais ou voulais pas participer.
Comme si je n'avais pas les codes, comme si j'étais inapte à faire lien. C'est étrange comme sensation : flotter à côté des gens sans les atteindre sans être atteinte par eux.

J'avais appris pendant des années à gérer ce genre de situations de la manière la plus superficielle qui soit : poser, donner le change par le sourire, le regard concerné. Et puis, maintenant, je n'ai plus envie de ça. Alors, je me suis contentée de prendre une autre bière, de fumer une cigarette et d'aller aider en cuisine.

Est-ce que ça arrive à tout le monde?
Sinon, pourquoi ça m'arrive?

J'ai parfois la sensation que certains sont fiers de ne pas savoir, s'en targue comme si l'ignorance demandait des années de travail.
Admettre que l'on ne sait pas, c'est salvateur. S'en vanter, c'est criminel.
Petits exemples...

Cas n° 1 : le Crétin
J'ai travaillé, il y a un certain temps, dans une institution pour enfants autistes. A mon sens, nous devons déconstruire tout ce que nous connaissons du rapport à l'autre pour envisager, ne serait-ce qu'un instant, avoir un lien (aussi minime soit-il) avec ces enfants.
Je suis tombée sur un professionnel, là depuis peu, qui m'a laissée perplexe. Quelques citations (n'oubliez pas d'imaginer le petit sourire sur les lèvres avec ce genre de phrases)
"De toute manière, je n'ai jamais rien lu sur l'autisme, alors tu sais, moi..." ("moi", quoi???)
"C'est marrant, dans les réunions, ils emploient plein de mots compliqués, ça fait bien, c'est rigolo..." (mots qu'évidemment il ne notait pas et ne cherchait pas dans un dictionnaire...)
ça rassure, hein?

Cas n° 2 : le Monarque
"Ce dont tu parles n'a aucune importance, la preuve : je n'en ai jamais entendu parlé. Si ça avait un quelconque intérêt, ou même si ça existait, je serais bien tombé dessus d'une manière ou d'une autre" (bon, ce que je ne connais pas n'existe pas...)

Cas n° 3 : Le "C'est bien pour les autres"
Là, j'avoue que je peux me trouver dans ce cas mais je travaille à en sortir!!!
" J'ai jamais lu houellebeck, ni stieg larson. "Le seigneur des anneaux? Non plus. Tout le monde lit ça, ils me racontent, ça suffit"
C'est le complexe de celui qui ne connait que des trucs plus confidentiels, style "fuck la culture de masse". C'est pas du joli non plus...

Si vous en voyez d'autres, n'hésitez pas...

Y a des jours où vous savez que ça ne va pas être simple. Mais pas si compliqué non plus...
En ce moment, j'ai une semaine de repos et du coup, j'ai reporté plein de choses à cette semaine.
J'ai plein d'appels à passer qui me mettent la pression. Je sais pas ce que ça vous fait à vous mais moi, je déteste appeler des gens que je ne connais pas. Et puis, il faut faire la déclaration de revenus, et puis j'ai 20 pages à pondre pour la semaine prochaine. Et puis, j'ai pas envie de retourner faire mes derniers jours de stage dans cette boîte...

Enfin, le réconfort c'est cette musique, ma dernière découverte : Thérèse "ça pourrait être pire". Mention spéciale pour la chanson "les dessins animés".

http://lesitedetherese.com/

Un autre réconfort? En ce moment, je m'immerge dans l'univers de Dr house. Je regarde à nouveau tous les épisodes depuis la saison 1 jusqu'à maintenant. J'en suis à la saison 2. A force de regarder Gregory House, j'en tombe amoureuse...

http://www.drhouse.fr/

C'est le profil parfait : Barbe de trois jours, maigrichon, tourmenté, qui refuse le bonheur en se protégeant derrière de l'indifférence, cynique... Enfin, mon instinct de sauveuse adore ce genre d'homme : celui qu'on va sauver en lui donnant de l'humanité, en lui redonnant les goûts, sensations de l'amour...
Pour arrêter, j'exorcise cela dans le monde fictif et dans le cabinet de ma psy...

Y a t'il une autre solution?...

J'aime bien cette période où le soleil pointe son nez. On se découvre, on observe, on se lorgne...
Il y en a beaucoup à qui ça donne envie de sexe. Moi, ça me donne envie d'amour.
J'ai des sensations de vierge effarouchée...

Je suis assise à côté d'un homme, jeune, trop jeune... 20 ans à peu près. Nous nous frôlons involontairement et j'ai des vapeurs... (je vous arrête, la ménopause attendra. Mes hormones aussi, je le crains...) Il m'en faut si peu que je sais que je suis ridicule.
Je crois des regards, et je rêve d'un baiser fougueux... J'imagine une main sur mon corps...

Mais biensûr ce serait trop simple : je n'ai aucune envie d'aventures sans lendemain...

Je me contente donc de mes fantasmes de midinette en mal d'amour...

Il y a quelques jours, je suis tombée sur cette photo. Prise en 2003 ou 2004, je ne sais plus.
Je pose, je souris : je suis heureuse.
Je tiens un bébé dans mes bras, une petite fille, la fille d'un couple ami.

Nous étions parti mon compagnon de l'époque et moi-même chez des amis à lui. Nous n'envions pas ce couple : ils ne cessaient de se chamailler sans fin. Elle se plaignait constamment. Il ne s'intéressait qu'au voitures-tunning et aux bombes sexuelles sur les couvertures de magazines. Elle complexait. Elle aurait complexé sans ça.
Ils ont fini par divorcer.
Nous avons aussi fini par nous séparer, bien avant eux d'ailleurs.

A cette époque, ma vie était toute tracée. J
'avais moins de 25 ans. J'étais une provinciale amoureuse d'un parisien. J'étais partie le rejoindre. Mon avenir laissait prévoir des enfants, peut-être un mariage, une carrière de prof.
Enfin tout allait bien.

Sur cette photo, j'ai une belle peau : un teint lisse que l'on perd petit à petit (maintenant, j'ai des rougeurs à la moindre variation de température...). Je pouvais ne pas me démaquiller le soir sans avoir peur des dégâts dermatologiques du lendemain. Je pouvais faire une nuit blanche et recommencer dès le lendemain. Et surtout, je n'avais pas peur de l'avenir.

J'avais des certitudes.
Mon premier enfant avant mes 30 ans. Pour le deuxième, on verrait.

On achèterait un appart ou une maison dès qu'il aurait percé en tant qu'artiste et que j'aurais un poste intéressant où je m'éclaterais.

Et puis, rien ne s'est vraiment passé ainsi.
Et puis, je n'aimerais même plus que cela se passe comme je le rêvais il y a 5 ou 6 ans...

Morale?

"Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux"
Aragon

Cendrillon ne perdra pas sa pantoufle de verre.
Pourquoi?

Parce qu'en 2009, tout le monde sait qu'une chaussure, ça peut aller à plusieurs femmes (surtout quand on fait du 38...) et qu'un homme va aussi à plusieurs femmes.

Parce qu'en 2009, une femme n'attend pas qu'on vienne lui glisser un soulier à son pied.
Nous mettons nos chaussures avec des clips spécial anti-ampoules.
On ne peut pas perdre sa chaussure.
Si nos talons aiguilles nous quittent, nous tombons de tout notre corps sur le pavé.

Parce qu'en 2009, nous n'attendons plus un prince qui nous enfermerait dans sa cage dorée (et finalement ça rend les choses bien plus compliquées pour tout le monde).

Parce qu'en 2009, on sait que le prince n'existe pas, que nous ne sommes pas des princesses et c'est peut-être là, le drame.

Parce qu'en 2009, j'ai déjà laissé tomber un foulard, une veste, une boucle d'oreille, une barrette à cheveux et que personne ne m'a cherché dans tout le pays (au cas échéant, pas suffisamment pour me retrouver...)